Les caractéristiques traditionnelles du personnage (d’Aristote au XVIIIe siècle)

Le héros romantique

Etymologie : du latin persona, le masque puis, par métonymie, le rôle.

Il est une illusion, un être de langage, non un être réel.

Support de l’action dramatique, il sert essentiellement au déroulement de l’intrigue.

Il doit

-        être pourvu de caractérisations claires pour le spectateur (nom, physique, métier, situation sociale, façon d’être, manière de décider, goût dominant, langage...)

-        être doté de « qualités » qui définissent son caractère (beauté, jeunesse, courage, générosité...)

-        être « exemplaire » = correspondre à un modèle de « caractère » (l’empereur, la reine, le père noble, l’ingénue, le valet...)

-        observer la convenance (pas d’attitude déplacée ni extravagante)

-        manifester une certaine constance, une stabilité

La comédie imite des hommes inférieurs à la réalité, la tragédie des hommes supérieurs.

N.B. Dans les tragédies antiques, notamment chez Eschyle, un seul acteur assumait tous les rôles, par la variété des costumes et les variations de la voix.

Il est, le plus souvent, un personnage historique, jeune, mais « né trop tard », il se voit condamné au désœuvrement et à l’ennui (le « mal du siècle ») ou à l’échec s’il est ambitieux.

Figure historique exemplaire : Napoléon (la fin solitaire du maître de l’Europe sur le rocher de Sainte-Hélène (5 mai 1821)

Son action est marquée par l’échec : placé au centre du récit, il affronte le monde, tente de le dominer et se brise contre ses lois.

Le héros romantique est caractérisé par la dualité ; il est à la fois :

-        l’amoureux gémissant : le moi solitaire, frileux et replié qui plaint sa souffrance (lyrique, amoureuse) ; il se distingue par son extrême sensibilité.

-        l’homme d’action : l’homme qui veut agir, mettre tout seul sa marque au monde, montrer la virtù du héros conquérant, seul contre tous.

-        Il est plus attachant qu’exemplaire, plus humain que surhumain.

La psychologie du héros romantique :

-        C’est un marginal et un incompris

-        il est montré fragile, rongé par ses incertitudes : l’unité de son moi est mise en péril

-        les motivations de son action ne sont pas toujours transparentes

-        il apparaît souvent comme guidé par un idéal qui le pousse à fuir la réalité qui l’entoure.

-        le héros est valorisé dans son échec même, par la force de son vouloir, par la qualité de son amour – en face d’un monde dépourvu de valeurs

-        Il est voué au malheur : la fatalité, et parfois sa propre volonté, l’éloignent du bonheur. Il n’a d’alternative qu’entre le malheur et la mort (suicide, assassinat).